17 acteurs majeurs de la mobilité ont créé en avril dernier l’un des plus importants consortiums en Europe consacrés à la mobilité connectée et automatisée : 5G OPEN ROAD. D’un montant de près de 90 millions d’euros, ce projet nous propulse dès aujourd’hui dans le futur grâce à des expérimentations en situation réelle. Quatre ont retenu notre attention. Ce projet a été financé par le gouvernement dans le cadre de France 2030.
Coordonné par la PFA (Plateforme automobile) et Nokia, le projet 5G OPEN ROAD est déployé sur le plateau de Saclay et dans la Communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc. Il s’appuie sur :
- Les réseaux de télécommunication 5G de Bouygues Telecom et Nokia ;
- Des prototypes de véhicules autonomes et connectés en 5G de Stellantis, Renault, Valeo, Milla Group et Twinswheel ;
- Des équipements de bord de route intelligents et connectés de Lacroix city ;
- Une plateforme de traitement de messages et de données, les algorithmes de décision et les applications fournissant les services de Capgemini, Goggo Network, Montimage et de Smile ;
- Des savoir-faire et des compétences d’instituts et centre d’essais tels que le Cerema, l’Utac et le pôle de compétitivité Systematic.
1. La recherche de place de parking collaborative
Un des premiers projets menés par 5G OPEN ROAD concerne la recherche collaborative de places de parking. Les constructeurs automobiles Renault et Stellantis, ainsi que l’équipementier Valeo et le cabinet de conseil Capgemini y participent. Grâce à des capteurs ultrasons et des caméras embarquées sur les véhicules, des données sur les places potentiellement libres sont transmises en temps réel via le réseau 5G de Bouygues Telecom à une plateforme Cloud pilotée par Capgemini. Cette dernière agrège les données reçues et les compare avec des cartes recensant les places disponibles.
« Même si la quantité de données remontées n’est pas toujours significative, c’est dans le nombre élevé de véhicules connectés et d’utilisateurs qu’elle prend tout son sens. La 5G permet de prendre en charge l’intégralité des personnes et des équipements connectés », déclare Olivier Levacher, Business Développeur IOT & 5G chez Bouygues Telecom.
2. Le transport à la demande dans des navettes autonomes
A Vélizy, les navettes autonomes « Milla » sont connectées en 5G et transportent jusqu’à six personnes, fournissant un service de mobilité à la demande aux habitants (120 personnes par jour en moyenne). Une application sur smartphone permet à n’importe quel utilisateur de commander une navette qui peut alors passer le prendre pour le conduire à la station de tramway.
« Ces navettes fonctionnaient initialement en 4G mais le passage à la 5G a permis de remonter davantage de flux vidéo et d’informations issus des véhicules. La latence a par ailleurs été fortement réduite pour envoyer des ordres à l’intelligence artificielle qui font fonctionner ces véhicules », commente Olivier Levacher.
Quand les navettes Milla sont bloquées par un obstacle les empêchant de suivre leur itinéraire, l’information remonte à un téléopérateur. Grâce à l’ensemble des informations transmises par les caméras et capteurs du véhicule, le téléopérateur peut déclencher une action comme le contournement de l’obstacle (un camion de livraison par exemple). La navette double alors l’obstacle en toute autonomie (ce n’est pas le téléopérateur qui pilote cette manœuvre, mais bien la navette elle-même).
3. Des services de livraison aux étudiants assurés par des droïdes
Une troisième expérimentation a eu lieu sur le plateau de Saclay, plus précisément sur le campus de Centrale Supélec, avec deux robots autonomes (droïdes) conçus par Twinswheel, entreprise créée en 2016 et située à Cahors. L’objectif des droïdes était de fournir des services de livraison aux étudiants et aux employés des écoles et laboratoires du site.
« Contrairement aux navettes Milla, les droïdes fabriqués par Twinswheel qui évoluent le plus souvent sur des zones piétonnes peuvent être pris en main et pilotés à distance par un téléopérateur. Cela peut arriver lorsqu’un robot autonome rencontre une zone de travaux ou qu’un droïde est appelé sur une zone où il n’était pas initialement prévu. Lors de cette prise en main à distance, le débit de la 5G permet de récupérer rapidement les flux vidéo et les informations du droïde. Quant à la faible latence, elle facilite le pilotage du robot autonome », précise Olivier Levacher.
4. Des carrefours intelligents pour fluidifier le trafic
Enfin, le consortium 5G OPEN ROAD va lancer en 2023 une expérimentation visant à étudier comment les carrefours intelligents peuvent fonctionner de manière optimale. Les carrefours intelligents ont pour objectif de fluidifier le trafic en transmettant aux véhicules connectés des informations relatives aux personnes ou aux moyens de transport en commun (un tramway par exemple) qui traversent la route ou à l’état de la circulation.
« Dans un carrefour intelligent, des caméras recueillent des informations qui sont analysées localement et qui peuvent également être envoyées vers un serveur centralisé. Ce dernier envoie les informations clés vers les véhicules connectés qui en ont besoin, en prenant en compte différents paramètres comme la météo, l’état de la route, la congestion du trafic », note Olivier Levacher.
Lors des expérimentations à venir, les carrefours intelligents seront connectés en 5G 26 GHz. « Dans ce cadre expérimental, nous allons juger de la pertinence des cas d’usage en 5G 26 GHz par rapport aux nouvelles problématiques que nous allons rencontrer. Nous allons ainsi pouvoir faire remonter de grandes quantités de données sans impacter le trafic de données sur la 5G 3,5 GHz qui est la bande de fréquences utilisée en priorité pour le réseau mobile 5G », complète Olivier Levacher.
Des routeurs 5G 26 GHz vont également être embarqués dans les navettes Milla afin qu’elles chargent d’importants volumes de données à chaque fois qu’elles passent devant les antennes 5G, dans ce qui s’appelle des corridors de données.
« Le travail en commun entre les filières de l’automobile et des télécoms est important pour trouver le juste milieu entre les capteurs embarqués et débarqués des véhicules connectés. Il faut trouver le juste milieu en termes technologiques et de business model. La connectivité n’est désormais plus un frein aux cas d’usage, mais plutôt un facilitateur. Ces cas d’usage sont portés par la sécurité des biens et des personnes, par les enjeux de décarbonation du trafic routier et par le développement d’une nouvelle offre de services », conclut Olivier Levacher.
Bientôt, ces expérimentations seront notre quotidien et la 5G n’a pas fini d’ouvrir des opportunités en matière de transformation de la mobilité. Les années qui viennent seront décisives pour faire émerger une mobilité plus responsable, plus respectueuse mais aussi plus efficace…